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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 09:28
La femme que j'aime est toute nue à son piano.
La peau cuivrée, le piano blanc et puis Mozart qui s'évapore sur la terrasse d'une maison couleur de plâtre.
Sur les hauteurs d'une Cyclade face au couchant de la mer calme.
Il est presque le soir.
Bientôt le soleil rouge baise la mer, perce la brume, et cette voile couleur d'écume.
 Et je l'entends.
Elle joue à peine maintenant des notes aigues, graines d'amour qu'emporte le vent sur ma sculpture arrêtée.
Le marbre est là, presque immobile.
Je ne sais plus le dessiner.
Je bois une verre de liqueur, le temps tressaille et puis je meurs. 
    hah
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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 15:21
Il est malade.
Couché dans son lit au-dessus de la cuisine.
La fièvre. Même pas la force de s'asseoir. Ni de lire ni de rien.
Il écoute seulement les bruits de la maison synonymes de vie.
Ce petit bruit métallique c'est le couvercle de la bouilloire qu'elle pose sur l'évier.
Ce grincement c'est la porte du placard bleu qui ferme mal.
La porte va revenir en arrière. C'est ça elle grince de nouveau comme une bande magnétique à l'envers.
"Belle" fredonne  à peine. Ce n'est pas très gai. Elle est inquiète.
C'est sa façon de respirer avec des fleurs sur les lèvres.
Toc-toc-toc à la vitre de la salle à manger.
Le chien Marcel aboie brièvement une fois et sans grogner.
C'est donc une voisine qui vient aux nouvelles.
Chuchottis.
-Comment il va ?
-ça va ça va il a demandé sa radio.
-je lui ai apporté des radis du jardin, pour... quand il pourra...
-Fallait pas
-Mais si mais si.
Une pie vient se poser sur le rebord de la fenêtre.
Il bouge à peine la tête elle s'envolle. En bas le chat miaule la pendule égrène le silence.
La pluie se met à tomber doucement, puis plus vite.
Le toit en tôle de la remise chante.
...
Il a envie de marcher sous la pluie. 
   hah
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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 10:07
L'anniversaire était passé sans qu'elle s'en rende compte.
 Et puis, brièvement, le lendemain un tremblement aux bouts des doigts.
 Un frémissemnt aux coins des lèvres.
  Un presque imperceptible battement d'une paupière.
  Elle est allé consulté. Quelques brefs examens, tous négatifs.
  Le toubib a dit
  - Non je ne vois rien. Vous n'avez rien madame...Madame comment  ?
  -... ... ...
  -Oui c'est ça a dit le toubib, après un instant de réflexion. C'est ça.
  Votre tremblement est une réplique.
  En effet il y a vingt ans, en Arménie la terre tremblait. Tellement.
  Elle a regardé ses mains. C'était fini elle ne tremblait plus.
  Elle a pleuré dedans.   hah

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3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 09:15
Tu le berces contre toi.
Assis dans la boue du chemin sous une pluie
torrentielle. tu le berces toujours en lui fredonnant une mélopée sans nom comme pour l'endormir.
Il pleure à peine et toutes les dix secondes il dit, maman.
Tu sais que c'est exactement toutes les dix secondes car ton pouce sur son poignet égrène sa vie qui fout le camp.
Et tu le berces en fredonnant. L'eau ruisselle sur sa gueule si pâle, entrainant le sang en rigole du diable.
Il n'a pas l'air de souffrir. Il n'a qu'un gros chagrin. Cet enfant de vingt ans.
Il y a cinq minutes il marchait devant toi, à trente pas, en sifflotant "colchiques dans les prés" et ce fut cet éclair, ce tonnerre. Tu te retrouves projeté  dans les buissons. Il y a des feuilles coupées d'un automne subit pour faire un lit de fortune à Boris qui gît là. Une jambe arrachée, l'autre formant un drôle de S et le ventre déchiré.
Le silence et le gémissement timide de Boris. Tu te lèves tout à fait îvre. Tu n'as presque rien, c'est Bobo qui à marché sur la mine. Maintenant il saigne de partout et dit, maman maman.
Les secours vont arriver, il pleut toujours et son pouls qui bat encore la vie fragile à son poignet. Tu fredonnes , il dit maman et tu perds le rythme de la chanson le métronome s'est arrêté. Boris c'est détendu d'un coup. Il est lourd comme un homme.
Tu pleures à ton tour sous la pluie qui redouble.
Maman maman maman...        
            hah
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29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 09:58

J'ai croisé quelqu'un qui chantait sous la pluie.

Et me voilà avec un été indien entre les oreilles.

Mouillé comme une soupe, et cette voix en couleurs m'assèche une mélancolie d'automne quelconque.

Parapluie parasol c'est presque pareil. Suffit d'imaginer l'océan vertical et cette marée haute d'embrums malicieux voyageant incognito.

J'ai embrassé quelqu'un que je ne connaissais pas.

Elle m'a dit,

-bonjour c'est un temps de verglas.

Alors de mon journal je m'suis fait un chapeau et toutes les nouvelles me coullaient dans le dos. J'ai laissé derrrière moi des lettres emméllées qu'à la sortie des classes les enfants se partagent pour s'en faire des comptines et des rêves moins sages.

La pluie tombe toujours.

Je me suis retourné sur la chanson d'amour, mais il n'y avait personne.

Je crois bien que c'est moi qui chantait sous la pluie.      hah

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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 12:37

Il est assis, seul, au fond de la salle du resto, près de la porte des toilettes.

Le patron lui amène un bol de soupe et une tranche de gros pain.

-Et me renverse pas tout comme hier.

 

Il coupe des petits morceaux de mie dans le bouillon.

Un client gentil en se re-braguettant lui demande

-comment ça va aujourd'hui ?

-ça va ça va c'est mes pauvres dents...

-allons papa embête pas les clients, dit le patron derrière son comptoir en servant un pastis.

-il a bien réussi mon petit, hein monsieur qu'il a bien réussi ?

Mais le client gentil et déjà reparti.               hah

 


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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 00:07

Où sont passées mes billes bleues qu'on me disait d'agate

et le petit chien noir du marchand de tomates.

Où sont passées les milles étoiles du pavé sous la pluie de la rue des diamants

et les danseuses nues dans la vitrine aux sous-vêtements.

Où sont passés mes maîtres des beaux-arts infinis

et l'atelier de nuit aiguisant les regards.

Où sont passés les gus du djebel de la honte et la corvée de bois qui m'a gelée le coeur.

Où est passé l'enfant des barricades fières levant si haut le poing en hurlant son bonheur.

Où sont Agop Séda et Vartani fédayis d'autrefois pour la dette de sang.

Qu'est devenue notre île, nos frontières nos serments.

Où sont passés les Hommes des luttes ouvrières

vendues pour quelques billes bleues qu'on me disait d'agate ?           hah

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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 16:27

...La frappe est intense, le bombardement de missiles et d'incendiaires pratiquement ininterrompu pendant toute la nuit. Le sol tremble sans discontinuer même à la profondeur où nous sommes. Pas question de sortir, c'est le grand labourage de la ville. Quatre des nôtres restés en haut nous rejoignent pendant une courte accalmie. Borj Hamoud est en feu disent-ils. C'est la guerre des ordinateurs, avions Hawaks, téléguidage infrarouge et autres merveilles jaillies de l'esprit humain. David et Goliath interchangent les rôles. La guerre du feu n'a pas eu son content de malheur.

Nous sommes blottis les uns contre les autres, treize souris tremblantes sous le scalpel d'un savant fou. Au matin nous sortons avec peine parmi les blocs de béton, poutrelles d'acier tordues et gravas innombrables. Epuisés de tension nerveuse, inquiets pour les compagnons dont nous sommes sans nouvelle.

Nous en retrouvons deux sur le balcon avec la mitrailleuse, hagards et tremblants. Il faut les faire asseoir et boire de force... Quelqu'un tire encore à la kalachnikov de notre toit terrasse. C'est Sévan. Il faut presque l'assommer pour le faire arrêter de gaspiller des balles contre le ciel qui se fout pas mal de son désespoir...Bilan de la nuit: Sétrag de Bagdad est mort. Nous l'avons retrouvé derrière l'immeuble, crispé sur son bazooka et carbonisé entièrement, sa tête est une grenade mure éclatée...

Extrait "Le petit carnet de Yérévan" H.A.H.

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 10:43

Il boit son café les yeux dans les vagues dunes où sa petite cabane en bois baigne sous la lune.

Il attend l'aurore.

Que dis-je il l'espère il l'adore.

C'est la sauveuse des nuits où repasse sa vie. Luttes violences et clandestinité.

Maintenant il est le vieux de la plage, dont on sait au village si peu de chose.

Qu'il aime le pain chaud et cultive des roses.

Là-bas sur l'horizon d'une fêlure pâle s'infiltre le matin...

Une marche à craqué.

C'est donc ainsi la fin.

A peine un glissement, il regarde la mer encore aimer le ciel.

Il ne parlera pas. Il entend son étrange pseudo pour la dernière fois.

Et ce reflet d'acier sur la vitre d'azur dessine d'un éclair  fou sa belle  signature.       hah

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22 novembre 2008 6 22 /11 /novembre /2008 09:52

                  -Les mots d'amour restés dans le silence sont des chateaux de sable qu'emporte la mer.

                   Elle a dit ça avec des larmes dans les yeux. J'ai eu une folle envie de l'embrasser.

                   Et puis c'est tellement grand une plage quand l'océan part cavaler vers l'horizon.

                   Cest un peu le crépuscule flamboyant pour attendre l'aurore.

                    Elle apprivoiserait les peurs de ses nuits et affronterait ses rêves...

                   ...Ces leurres de l'utopie.                                                                                hah

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Présentation

  • : Hairabédian,sculpteur écrivant:
  • : Henri Aram Hairabédian de midi à minuit : le sculpteur dans son atelier, le romancier à sa table de travail vous fait partager ses recherches, ses émotions et cette petite fleur dans vos sourires. L'artiste s'épanouit au quotidien par ses sculptures - pierres de garrigue, marbres - et l'écriture de ses textes - romans, poésies, nouvelles.
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