... Le jour des tours de New York, les avions-suicide, il était passé le soir après le travail pour regarder la télé avec elle. Il avait suivi ce drame à la radio entre Narbonne et Arles, après avoir déposé un courtier en vins. Ils s’étaient blottis l’un contre l’autre sur le canapé, les ayant connus plus remuant. Sur la table basse, les verres d’apéro s’évaporaient, et le paquet de chips béait, lui aussi, inutilement. Maintenant ils étaient un peu voûtés comme si tous les étages du Wall Trade Center risquaient de leur tomber sur la tête. Les yeux vrillés sur l’écran. Pas un mot, tellement l’émotion leur clouait le bec. Sauf à un moment, elle a crié en lui serrant le bras,
-T’as vu ?
Il a répondu, on ne voit que ça, l’horreur !
-Non matte, ils ont des nouveaux Trucks.
-Des trucs c’est quoi?
-Non des Truks Fire. Les camions des pompiers là, c’est des Trucks 41, quelle merveille ! oooh les chromes, quels bijoux ! Ecoute le bourrin écoute écoute, y peut pas la fermer un peu le journaliste, t’entends, il ne tourne pas, il emballe, il virevolte… Et leurs sirènes c’n’est pas nos pimpons misérables. Là, ça défonce un max.
-Pardon ?
-Tais-toi, l’heure est grave.
Et tout ça avec le sourire du ravi de la crèche
Quelle merveille ces tires…c’est vraiment les meilleurs ! On a bien fait de regarder hein mon chou ? ...
(extraitpage32 "les papillons d'Ostende" http://www.jacquesflamenteditions.com